Situé 27 rue de Sévigné, ancienne rue de la Culture-Sainte-Catherine, le lycée est bâti sur l’emplacement du couvent des Annonciades Célestes ou Filles Bleues fondé en 1622.

(Plan de Turgot 1739)
Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, occupe l’hôtel voisin de 1677 à 1686 : » Dieu merci, nous avons l’hôtel de Carnavalet…et nous aurons le bel air…un beau quartier, et de bonnes petites filles bleues qui sont fort commodes… » (Lettre 617)
La marquise de Verneuil, maîtresse du roi Henri IV aurait fondé ce couvent des Annonciades Célestes, de l’ordre de Saint-Augustin, appelées filles bleues en raison de la couleur particulière de leur scapulaire.
Madame de Sévigné, nouvellement installée, écrit à sa fille : « Adressez…désormais vos lettres : à l’hôtel de Carnavalet, rue des Filles-Bleues… » (Lettre 618)
Fermé à la Révolution, le couvent est détruit en 1796 et remplacé par deux maisons de rapport. La Ville achète une parcelle (le n° 25) qui deviendra en 1880 une annexe du musée Carnavalet, tandis que l’Etat se porte acquéreur, par l’intermédiaire du lycée Fénelon du n° 27, en décembre 1892. L’immeuble est rasé et les travaux du futur lycée sont confiés à l’architecte Anatole de Baudot.
Cinquième lycée de jeunes filles à Paris après Fénelon, Racine, Molière et Lamartine, la création du lycée Victor-Hugo s’inscrit dans loi Camille Sée (décembre 1880) qui fonde les lycées publics de jeunes filles (voir chronologie des lycées). Un décret présidentiel en date du 17 juillet 1895 attribue le nom de Victor Hugo au nouvel établissement : hommage à l’écrivain disparu 10 ans auparavant.
Victor Hugo (1802-1885) habite l’hôtel de Rohan-Guéméné situé 6 place Royale (actuelle Maison Victor Hugo place des Vosges) de 1832 à 1848. Ses deux fils, Charles et Victor entrent à l’Institution Jauffret en 1837. Cette école se trouvait dans l’hôtel Le Peletier de Saint- Fargeau au 29 de la rue Sévigné.
Le nouveau lycée compte une centaine d’élèves réparties en 7 classes, des « préparatoires » à la 4ème année, puis en 1897 à la 5ème année (les 2de et 1ère actuelles). Quelques élèves se présentaient au baccalauréat masculin, les autres préparaient le diplôme de Fin d’Etudes secondaires ou le Brevet Supérieur.
En 1914 le premier cours de latin est créé. En 1917, s’ouvre la première classe de philosophie.
L’accroissement des effectifs conduit très vite les Directrices à chercher une solution à l’exiguïté des locaux : « Nous sommes enserrées entre des voisins illustres, avec qui nous faisons fort bon ménage, mais qui nous étouffent : l’Institut d’Histoire de la Ville de Paris et le Musée Carnavalet »
En 1938, le 102 rue Vieille-du-Temple, appelé Epernon (le groupe d’immeubles, du 102 au 110 de la rue, appartenait au 17e siècle à l’hôtel dit d’Epernon) est acheté par l’Etat et devient le petit lycée Victor- Hugo.
En 1957, le 11 rue Barbette, vestige de l’ancien domaine dont Isabeau de Bavière fut propriétaire au 14e siècle, devient la deuxième annexe du Lycée.
Barbette et Epernon correspondent au Collège de la cité scolaire Victor-Hugo.
En 1960 des travaux vont donner à l’établissement son aspect actuel. Le préau « dont le Lycée s’énorgueillissait autrefois comme l’une des premières construction en ciment armé » est détruit pour faire place à une cantine recouverte d’une terrasse. Un corps de bâtiment comprenant gymnases et salles de cours prolonge l’aile gauche du lycée.
Le Lycée devient mixte dans les années 1970.
Le Lycée Victor-Hugo, fier de sa spécificité dans son implantation géographique et historique, a toujours su malgré les contraintes spatiales, trouver des solutions et maintenir, au coeur du Marais, un établissement qui reste cher auprès des « anciens ».
Principales sources : Archives du lycée Victor-Hugo : Bulletins de l’Association Amicale des Anciennes Elèves, 1914-1968/Correspondance, Madame de Sévigné, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade 1974 – II/Dictionnaire historique des rues de Paris. 2 vol. Les Editions de Minuit, 1963/La Construction Moderne, 1896/Le Marais, Age d’or et Renouveau, Ville de Paris 1963/Les Hôtels du Marais, Georges Pillement, Terra 1948/
J’ai retrouvé de vieilles cartes postales de ce lycée (Tourte & M. Petitin éditeurs, Levallois-Paris); peut-être que quelqu’une se reconnaitra !

Dans l’ordre :
- cour de récréation
- cour intérieure
- cour intérieure
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